SOMMAIRE
1 - Les ateliers en milieu scolaire
2 – Les ateliers dans les quartiers
3 - La recherche
4 - Les formations
5 - Les projections-débats
6 - Les spectacles et créations
7 - Les publications
8 - Annexe – Articles de presse
1 - Les ateliers en milieu scolaire
Ne sont cités dans ce rapport que les établissements scolaires ayant participé à des actions longues, sur toute la durée de l’année scolaire.
Programme
ADOS AMOR
Prévention
de la violence et des conduites à risques
Le projet s’est mis en place à partir du constat d’isolement et de cloisonnement de groupes de jeunes qui se sont construits « leurs frontières ». Le but était de rassembler des adolescents et des jeunes de moins de quinze ans de Seine-Saint-Denis afin qu’ils puissent exprimer leurs énergies créatrices, faire le point et s’exprimer sur les sujets qui les concernent, s’investir « ensemble » dans un projet à long terme.
Zarina Khan a recueilli sur le papier les préoccupations, les rêves et le désarroi de jeunes du Blanc-Mesnil. Les groupes de deux établissements scolaires, le LEP Aristide Briand et le Collège Cachin, se rencontrent, leurs énergies se mobilisent et l’histoire d’ADOS AMOR devient cinéma, grâce à l’équipe réunie par le réalisateur François Stuck.
ADOS AMOR sort dans les salles de cinéma en mars 1998.
Né à l’école, ADOS AMOR revient
à l’école, comme outil de réflexion dans le cadre
d’un travail structuré entre les enseignants, les élèves,
et les intervenants ADOS AMOR. L’action ADOS AMOR a pour but de permettre
à d’autres groupes de travailler sur les sept thèmes dégagés
par leurs camarades d’ ADOS AMOR et de s’organiser en réseaux de
réflexions et d’actions. A long terme, l’objectif est que les jeunes
s’inscrivent dans un processus dynamique de prévention des différentes
conduites à risques, qu’ils pourront promouvoir eux-mêmes
autour d’eux.
ACADEMIE DE NICE
Cannes - La Bocca
Le projet d’établissement du lycée professionnel Hutinel a intégré une action écriture, théâtre et cinéma, organisée sur deux années scolaires, 98/99 et 99/2000. Elle a donné naissance à un moyen-métrage en vidéo professionnelle de 26’ : ADOS RAMA.
Le lancement de ce travail s’est fait dans le cadre d’une formation MAFPEN qui a réuni quinze professeurs de l’Académie de Nice. Des élèves de trois classes du lycée Hutinel ont accueilli dans leur groupe des élèves du lycée privé des Fauvettes, et du lycée professionnel Les Coteaux.
Extrait du bilan du lycée professionnel Hutinel.
« Les quatre jours de tournage (du 16 Avril au 19 avril, pendant les vacances de Pâques) et la rencontre de Zarina Khan nous ont permis de responsabiliser les jeunes. Pour être efficace et respecter les exigences du budget et le planning fixé, il est vite apparu que chacun devait assumer une tâche précise, telle que déplacer le matériel, préparer le repas, aider le cameraman et l'assister ( lumières...), et simplement être ponctuel. La cohésion du groupe s'est faite autour de la réalisation du film, dans un esprit de coopération et d'aide mutuelle. Les liens entre les jeunes se sont fortement resserrés. Ils ont pris des initiatives et proposé des solutions lorsqu'un problème de lieu de tournage ou de météo se posait. Ils n'ont pas été passifs, mais actifs, acteurs...
De plus, savoir que ce que nous faisons va être montré à un large public, provoque l'envie que le court métrage soit intéressant, émouvant, sincère, beau... Aussi la démarche de Zarina Khan, reposant en partie sur l'improvisation des dialogues, a-t-elle permis de susciter une réflexion quant à ce qu'ils voulaient exprimer à travers leur personnage. Ils ont donc réajusté certaines attitudes afin d'être cohérents et crédibles. Donc, pendant le tournage, ils n'ont pas fait qu'être acteurs d'un texte écrit préalablement, mais ils étaient encore auteurs de leur propre message et histoire. C'est une véritable création littéraire et artistique qu'ils ont imaginée et réalisée grâce à l'aide de la Compagnie Zarina Khan. »
Patricia Gabella, professeur au lycée
Hutinel.
ACADEMIE DE CRETEIL
Champagne sur Seine (Seine et Marne)
Au Collège Fernand Gregh, création
du texte « Le Dictionnaire de la vie de Champagne sur Seine »
en ateliers d’écriture et de pratique théâtrale par
des élèves de deux classes de troisième, deux classes
de cinquième, une classe de sixième et une quatrième
SEGPA. Mise en scène du recueil, « Le Dictionnaire de la vie
», avec cinq représentations à la salle Marcel Pagnol
et dans les quatre communes voisines. Ces ateliers ont fonctionné
en décloisonnement entre les élèves de SEGPA et les
élèves de l’enseignement général, et entre
les élèves du collège et ceux des CM2 appelés
à entrer au collège l’année prochaine.
Au Lycée Georges Clémenceau, des
ateliers ont eu lieu dans cinq classes : deux terminales, une troisième
et deux premières. Ils ont donné naissance à un recueil
de texte : « Le plus important pour moi », et à un spectacle
le 7 mai 99 : « Le choix d’un père ».
Pantin
Ateliers d’Ecriture et de Pratique Théâtrale
au CIFAP, avec deux classes de BTS de coiffure. Les élèves
ont travaillé sur l’écriture de leurs sentiments après
la projection-débat du film ?????????, puis sur le thème
du rapport au miroir et par là même au métier de coiffeur(se).
ACADEMIE DE NANCY-METZ
Epinal
Des ateliers d’écriture et de pratique
théâtrale ont été mis en place à l’Ecole
Champy : deux classes, CM2 (19 élèves) et CE1 (17 élèves),
et au Collège Saint-Exupéry : deux classes de cinquième
(38 élèves), dans le cadre d’une recherche autour de la prévention
de la délinquance.
La Campagne
pour la Vie
Dans le cadre du programme « Force de changement
avec les jeunes en campagne contre le sida » de l’OMS, la Direction
des Interventions de Santé du Conseil Général du Val
de Marne a proposé à la compagnie Zarina Khan la conception
d’une affiche d’appel à projet pour la campagne de prévention
autour du VIH par les jeunes et pour les jeunes.
Des ateliers de Zarina Khan ont permis la réalisation d’une affiche d’appel à projet.
ACADEMIE DE CRETEIL
Ivry sur Seine (Val de Marne)
Projection du Film ADOS AMOR le 19 Novembre avec
les élèves du Collège Henri Wallon. 2 Ateliers, en
Octobre et Novembre 1998.
Nombre de participants en classes de 3ème
: 93
Villeneuve Saint Georges (Val de
Marne)
3 Ateliers en Novembre 1998 au Collège
Jules Ferry.
Nombre de participants : 35.
Programme « L’enfant et l’image »
Les objectifs de ce programme sont :
- approfondir le rapport des enfants
à l’image.
- marquer le rôle positif
du cinéma, en tant que révélateur du questionnement
essentiel des enfants.
- et enfin, réaffirmer les
principes de la Convention internationale des droits de l’Enfant, en particulier
le droit à l’expression et le droit à participer à
la construction de sa propre vie.
ACADEMIE DE POITIERS
Deux classes de CM1 et CM2 de l’Ecole Paul-Blet ont participé à l’atelier « le rapport de l’enfant à l’image », travail entrepris autour du film « Souko le Cinématographe en carton », film burkinabé. Après le passage d’un cinéma itinérant, des enfants construisent un cinématographe en carton. Au cours de leur séance de projection surgit un cheval blanc magique. Dès lors, rêve et réalité s’entremêlent à jamais dans la petite ville de Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso.
Après avoir reçu les images, les enfants deviennent créateurs : c’est ce que propose l’atelier.
Ce travail se poursuivra dans des écoles
d’Angers.
ADOS AMOR II,
l’Afrique.
programme
d’échange franco-africain
ACADEMIE DE CRETEIL
Collège Evariste Gallois, à Sevran.
Au cours d’une projection débat de ADOS
AMOR en Juin 98, un groupe d’adolescents du Burkina Faso était présent
dans le cadre d’un échange avec des jeunes d’Aulnay sous Bois. Ils
ont été bouleversés et, de retour en Afrique, ont
émis le désir de travailler comme leur camarades de France,
en atelier d’écriture et de pratique théâtrale, en
vue de réaliser ADOS AMOR II, l’Afrique. Une première semaine
d’ateliers, avec 37 participants au Collège protestant de Ouagadougou
en Mars 1999 a permis de dégager les thèmes pour élaborer
le scénario.
En parallèle, un partenariat avec des établissements
scolaires est mis en place sur le mode d’échange de correspondances,
provoquant des réactions et relançant le débat sur
de nouveaux thèmes. Ces ateliers donneront naissance à des
créations artistiques qui seront présentées lors d’une
rencontre entre les jeunes ouagalais et français. Deux ateliers
ont déjà été menés avec 2 classes de
4ème. L’action se poursuivra dans l’Académie de Poitiers
en partenariat avec l’IUFM, en utilisant l’outil internet.
Programme d’éducation à la citoyenneté.
ACADEMIE DE PARIS
Bilan des initiatives citoyennes au Lycée
Rodin, dans le 13ème arrondissement.
Trois intervenants de la compagnie ont aidé
90 lycéens à faire le point sur les obstacles, avancées
et propositions des initiatives citoyennes et en particulier des Conseils
de Vie Lycéenne. La synthèse sera publiée par le Rectorat
de Paris.
ACADEMIE DE MIDI-PYRENEES
Rodez (Aveyron)
Projet pédagogique sur deux ans, au lycée
Alexis Monteil.
Une classe de seconde a travaillé en ateliers
d’écriture de chansons et théâtre en vue de finaliser
le projet à l’automne 99 sous forme de clip vidéo et présentation
théâtrale.
Objectif : réguler et modifier le comportement
du groupe classe, le souder dans un projet commun.
Un Atelier d’Ecriture et de Pratique théâtrale
(50 élèves) avait donné naissance au texte du «
Dictionnaire de la vie de Rodez, ou l’étrange comportement des humains
», représenté en juin 98 au cinéma Le Royal
de Rodez. Le projet se poursuivra à la rentrée 99.
Durant l’année scolaire 98-99, 921 élèves
ont participé en action longue à des Ateliers d’Ecriture
et de Pratique Théâtrale, dans 6 académies.
Le Dictionnaire de la vie de Beyrouth
Compte-rendu de la première mission à Beyrouth, du 5 déc. 98 au 16 déc. 98
Les rendez-vous ont été pris avec les huit écoles par la Mission Culturelle Française.
Les enseignants font part immédiatement de leur curiosité et de leur envie d'apprendre une méthode de travail qui entre dans le cadre du nouveau programme scolaire libanais, en particulier, dans le chapitre "Moi et l'autre".
L’action s’insère aussi dans l'axe général des nouveaux programmes que l'on peut réunir sous l'intitulé "Apprendre à vivre ensemble", qui fait partie des objectifs discutés à Genève lors de la réunion internationale des Inspecteurs de l'Education Nationale. Cet objectif prend tout son sens au Liban, marqué par des années de guerre et semble tout à fait correspondre aux priorités du nouveau gouvernement libanais.
La méthode de Zarina Khan, fondée sur l'apprentissage d'une meilleure connaissance de soi et des autres et s'inscrivant dans le cadre plus vaste de la Culture de la Paix, recoupe les préoccupations des adultes, enseignants, conseillers pédagogiques et directeurs.
La concentration des adolescents
L'atelier d'écriture se déroule dans un climat d'intensité et de grande sincérité. Les élèves écrivent volontiers et beaucoup. Ils livrent dans une langue française tout à fait remarquable leurs interrogations existentielles, leurs souffrances, leurs désirs et leurs rêves.
Leur confiance est grande. Ils tentent de se situer dans leur histoire d'adolescent avec justesse et précision. La lecture à haute voix de leurs textes provoque bien sûr de l'émotion. Ils découvrent avec leurs camarades de classe une communauté de sentiments qu'ils ne soupçonnaient pas. Ils sont étonnés aussi de la maturité des réflexions qui se dégagent des textes. Ils sont, lors des commentaires qui suivent la lecture, dans l'analyse du "Moi" et de "l'Autre".
Ils abordent avec une grande poésie la beauté et la richesse de leur pays ; la mer, la montagne, les forêts de cèdre, ils font émerger avec fierté la richesse de la nature au Liban. C'est cette beauté que la guerre a mis en danger. Ils se sentent la mission de la préserver et lorsqu'elle a été endommagée, de la reconstruire "ensemble".
Les "zones sensibles" du projet
Le premier jour, une enseignante avait dit avant de commencer "j'espère qu'on ne parlera pas de la guerre". Dans l’espace de sincérité de l’atelier, il paraissait difficile que les adolescents ne parlent pas de la guerre.
Cette même enseignante une heure plus tard écrivait elle-même un texte très touchant sur la guerre et le bouleversement qu'elle avait opéré dans sa vie personnelle. Dans l'improvisation, elle prenait en charge le personnage de "la mémoire de Beyrouth".
En effet, pour dépasser les traumatismes inévitables de la guerre, et les tensions, il est nécessaire dans un processus libératoire proche de la catharsis de formuler sa souffrance et son incompréhension.
C'est ce qui s'est passé.
Lors de l'atelier à l'école de garçons Achrafie le 11 décembre, l'écriture individuelle a fait ressortir chez certains le problème de la "vengeance" et du fanatisme qu'elle induit. Certains textes portaient la trace d'une grande violence encore vivante et d'un désir de l'exercer dans le futur.
Dans l'improvisation qui a suivi, le sujet est revenu sous une forme plus concrète. Un garçon qui n'avait jamais connu son grand-père parce qu'il avait été tué dans la guerre disait qu'il lui appartenait de le "venger". Un autre lui a répondu que lui-même avait perdu son oncle mais rien n'effacerait la souffrance de l'avoir perdu et qu'en tout cas, la vengeance n'était pas du tout une "solution". Ce dialogue était d'une grande force. Les autres élèves ont abondé dans le sens de la paix à construire et l'élève qui paraissait enfermé dans son désir de vengeance a commencé à douter du bien-fondé de sa propre violence.
La qualité des textes des élèves
libanais est étonnante, tant du point de vue poétique et
littéraire que par l'humanisme qui se dégage de leurs réflexions.
"Le Dictionnaire de la Vie de Beyrouth" devrait devenir une véritable
"leçon de paix" pour tous ses lecteurs dans le monde et l'échange
franco-libanais que nous prévoyons autour de cette œuvre devrait
être un moment hautement symbolique dans le rapprochement de ces
jeunes "citoyens du monde" à l'aube du nouveau millénaire.
Les prolongements en France
Les textes de Beyrouth seront repris et mis en
scène par des adolescents d’un collège de Bezons : la parole
des jeunes libanais voyagera grâce à ces « porte-parole
de la paix ». Une représentation théâtrale du
« Dictionnaire de la Vie de Beyrouth » sera montée lors
du « Mai de l’Enfance, Terre et paix » à Fougères
(35) où seront présents des enfants de Sarajevo, du Nicaragua,
du Burkina Faso, du Cambodge, de Pologne, d’Algérie, d’Espagne,
d’Italie, d’Allemagne…
2 – Les ateliers dans les quartiers
Hérouville Saint-Clair (Calvados)
Un exemple d’une action de gestion des conflits, dans le cadre du programme « Pose ta pierre, construis ta ville » à la demande d’une société de la grande distribution à Hérouville Saint-Clair, dans la périphérie de Caen.
En octobre 98, des affrontements opposent des habitants de la ville et des vigiles de la société Carrefour, magasin implanté au cœur de l’agglomération.
Au cours du mois d’octobre, Zarina Khan se déplace plusieurs fois pour rencontrer ces différents groupes d’Hérouvillais, qui s’interrogent sur le lien et leur rôle dans la ville. Elle propose d’ouvrir un atelier avec ceux des habitants qui veulent agir et pour réfléchir sur la situation passée et envisager l’avenir. Des gens dont la volonté est de dépasser les affrontements récents et de faire de ces paroles un film.
La seule question préliminaire à tous les sujets est « qu’est-ce qui est important, qu’est-ce qui est le plus important pour vous ? »
Lors d’une de ces rencontres, à la question « Qu’est-ce que c’est pour vous Hérouville ? », un adolescent a répondu « Hérouville, c’est le centre du monde ». A partir de là, tout devient possible.
Le documentaire « Les Sentiments d’Hérouville », né de ce travail, pose les questions du sens et du rôle de chacun dans l’espace d’une ville, le temps d’une vie : une œuvre qui s’inscrit dans l’espace culturel local et qui ensuite partira à la rencontre d’autres publics.
Extrait du bilan de l’association Animation Quartier Jeunes :
« La colère des jeunes, initialement tournée vers la grande surface, s’élargit classiquement en direction des structures et institutions qui forment leur quotidien (Mairie, Animation de quartier, Police, Justice, Médias…). Ces moments de troubles forment, on le sait, le cadre de revendications multiples et d’émergence de vieilles rancœurs. L’épiphénomène de l’affrontement ponctuel reflète en réalité un malaise beaucoup plus profond, souvent indicible qui va trouver son expression dans un passage à l’acte collectif violent, nihiliste (« Faut qu’on casse tout ») qui laisse à chacun de ses acteurs un goût amer, l’ultime frustration d’une entreprise vaine qui, sur le fond, ne changera rien.
Ainsi, le cadre hérouvillais, les moyens mis en œuvre au quotidien ont permis une extraordinaire mobilisation de toutes les structures et institutions (Mairie, Police, Justice, structures d’animation et de prévention…) qui, en agissant de manière concertée et cohérente ont permis de circonscrire l’événement et de le réguler. Bien sûr, la mobilisation de jeunes leaders positifs et l’esprit d’ouverture de la direction de la grande surface ont créé l’espace de concertation et de dialogue qui manquait. Ainsi chacun a fait son bilan, son « mea culpa » et tout est rentré dans l’ordre.
C’est dans le cadre de ces incidents que nous avons
rencontré la Compagnie Zarina Khan, mandatée par la direction
de la grande surface locale pour venir aider à réguler le
conflit en tant que médiateur avec un projet qui pouvait sembler
fou ou dérisoire au milieu de la violence : l’écoute et la
culture.
Durant deux jours, ce sont près d’une centaine
de jeunes qui sont venus dans les ateliers d’expression de Zarina Khan
répondre à une question, une seule, mais fondamentale : «
qu’est-ce qui est le plus important pour vous ? ». Puis le troisième
jour ce fut le tour des salariés de l’hypermarché de répondre
à cette même interrogation.
Autour de cette question, les ateliers offrent les moyens, les « médias », de l’expression artistique à travers l’écrit, la danse, le jeu théâtral… Tous ces ateliers, ces échanges individuels et collectifs, sont enregistrés et filmés en vue d’une production finale résumant l’histoire de ces rencontres.
Alors, lorsqu’on est au cœur du désordre, confronté à la violence, aux interrogations multiples, à la pression permanente, on a envie de dire : « ce n’est que ça ? ». Et puis on observe, on participe, on devient acteur du projet, on se bat pour lui et à l’issue de ces journées passées avec Zarina Khan et son équipe, on se dit que l’on est tous sortis de cette entreprise un peu différents que lorsqu’on y est entrés, munis d’un autre regard sur les autres, sur nous-mêmes, ayant donné et trouvé du sens à une rencontre, à un échange. Bref, on ressort de cette expérience un peu plus humain, alors à la question « ce n’est que ça ? » je répondrais oui, ce n’est que ça mais c’est beaucoup, c’est « le plus important ».
Qu’est-ce qui fait que des jeunes stigmatisés
partout comme difficiles, exigeants, (que certains qualifient un peu trop
facilement d’irrécupérables) arrivent goguenards dans ces
ateliers et en ressortent apaisés, avec de l’espoir et des projets
pleins la tête, là où il y avait surtout de la colère
et de la haine ?
Qu’est-ce qui fait que même des jeunes réfractaires
à ce travail et posant des actes de provocation (« rapt du
goûter ») reviennent quelques minutes après leur départ
parler de l’acte qu’ils ont posé, de leur rage, de leur désespoir
?
Qu’est-ce qui fait que nous-mêmes, animateurs,
éducateurs, au contact permanent de ces jeunes nous les ayons vus
et appréhendés sous un autre jour et qu’à l’issue
de cette expérience, nous nous soyons interrogés sur nos
propres pratiques ?
(…)
Ainsi lorsqu’un groupe de personnes répond collectivement à une même question aussi impliquante que « qu’est-ce qui est le plus important pour vous ? », au-delà des différences nécessaires de réponse, c’est bien l’écoute de l’autre et la manière dont sa réponse résonne en chacun de nous qui est en jeu. Et c’est cette écoute, cette résonance, cette prise en compte de l’autre qui lui permettent d’exister en tant qu’individu désirant, souffrant.
Et lorsque ce même groupe tente ensemble de construire une réponse au travers du jeu et de l’expression artistique, c’est bien de la création d’un espace commun d’expression, support identificatoire dont il s’agit.
Bien entendu cet espace de liberté et d’expression doit être délimité. Et c’est bien là la force de Zarina Khan que de proposer un cadre suffisamment contenant pour créer un climat de confiance propice à l’expression et à l’élaboration.
Cette « contenance » dépasse
le simple cadre éthique que s’est donné Zarina Khan (respect
de l’autre à travers l’écoute, relativisation des dissemblances,
valorisation des ressemblances, reformulation de l’inacceptable…), elle
passe par l’espoir et l’amour que place Zarina Khan dans chacun de ses
interlocuteurs. »
Patrice Leygnat, directeur d’AQJ.
Saint-Dié (Jura)
Atelier d’écriture avec des sans domicile
fixe à l’espace « accueil, écoute » de Saint-Dié.
Atelier d’écriture avec le collectif de
rapeurs de Saint-Dié.
1) BiennalAdos
de Paris V, Université René Descartes
5 et 6 février 1999.
Intervention et animation d’une table ronde à
la BiennalAdo de Paris V, organisée par le Groupe d’Etudes et de
Recherches en Psychologie de l’Adolescent.
« Des jeunes, des écoles, des cités...
»
2) Réalisation d’un diagnostic de prévention des actes délictueux dans l’agglomération d’Epinal-Golbey-Chantraine.
Le Syndicat Intercommunal de l’Agglomération d’Epinal–Golbey-Chantraine (SICA) a confié à la Compagnie Zarina Khan la réalisation d’un diagnostic sur la prévention des actes délictueux dans l’agglomération en question.
Les institutions et organismes représentés
au sein du SICA requièrent de l’étude la satisfaction des
objectifs suivants :
- Procéder à l’analyse des documents
existants ou en cours d’élaboration, concernant les phénomènes
de délinquance et de déviance, et visant plus particulièrement
le public jeune et son environnement.
- Recenser les dispositifs et les actions conduites
dans les domaines de la prévention des conduites à risque.
- Suggérer des éléments de
réflexion afin de construire un réseau d’acteurs locaux proches
des jeunes et de leurs préoccupations.
- Proposer des orientations d’actions au Comité
de pilotage, exploitables par celui-ci dans le cadre de la négociation
du prochain Contrat de ville.
La Compagnie
Zarina Khan,
afin de répondre aux attendus du cahier des charges du diagnostic
sur la prévention des actes délictueux a :
- réuni les documents qui lui ont été
remis, et ceux qu’elle a pu obtenir, provenant des collectivités
territoriales, des représentations de l’Etat en Région et
du milieu associatif,
- rencontré des acteurs locaux, issus des
institutions publiques et des associations, des mineurs et de jeunes majeurs
des trois communes.
Ces deux opérations ont permis de :
- Collationner les données quantitatives
à propos des actes délictueux dans les différents
quartiers de l’agglomération
- Cerner les actions conduites par les institutions
publiques et le milieu associatif et procéder à une comparaison
quand cela s’est avéré possible d’une année sur l’autre,
sur l’ensemble de l’agglomération
- Sérier les actions conduites par quartier
et procéder, quand cela s’est avéré possible à
des comparaisons d’une année sur l’autre
- Recueillir le sentiment des jeunes sur les actions
conduites en leur faveur et leur appréciation sur leur place dans
leurs quartiers et dans l’agglomération
- Recueillir le sentiment des adultes et des acteurs
institutionnels sur les actions conduites et celles à conduire.
Les approches indiquées ci-dessus ont comme
objectifs de :
- Prendre en compte les résultats affichés
- Livrer une analyse sociologique de l’évolution
des quartiers et de leurs populations
- Présenter le « regard » des
jeunes et des institutionnels.
Pour parvenir à ces résultats, outre les phases classiques de collationnement sociologique opérées sur les documents recueillis, il a fallu interviewer les personnes intéressant l’étude.
Deux types d’entretiens ont été conduits.
Certains complètement qualitatifs, semi-directifs, en profondeur,
ont permis, surtout aux acteurs institutionnels, de porter leur appréciation
sur les actions entreprises et celles à entreprendre.
D’autres, les plus nombreux, pondérant
le qualitatif et le quantitatif, ont permis de recueillir l’avis de très
nombreux jeunes.
Ainsi, par un « jeu de miroirs », lors des propositions, il sera possible de regarder conjointement le bilan des actions conduites et l’appréciation de ceux qui en sont les principaux bénéficiaires.
Nous avons travaillé sur le diagnostic de prévention des actes délictueux en trois phases, janvier, février, mars 99.
Le 15 janvier 99, la journée a été consacrée à la rencontre avec les associations et les opérateurs locaux.
Nous avons ensuite procédé à
des entretiens individuels au cours des trois phases.
206 personnes ont été interrogées.
En ce qui concerne la population et en particulier
les mineurs et les jeunes majeurs, nous avons adopté une stratégie
d'approche en quatre points.
1. Approche informelle dans la rue
2. Approche dans le cadre des structures sur la
base de rencontres
3. Ateliers d'écriture et de pratique théâtrale
dans les collèges et écoles ainsi que dans les structures
4. Approche d'échange : le public était
questionné à l'issue du spectacle « Les Contes des
enfants de la terre », offert par la compagnie Zarina Khan et au
cours de la projection-débat du film Ados Amor, organisé
avec le concours du Codes 88.
Nous rendons hommage aux commanditaires de ce diagnostic,
et en particulier à la DDASS qui nous repérés pour
le réaliser. En effet, ils ont fait avec nous le pari d’une méthodologie
innovante :
- permettre à nos rencontres d’être
traversées par la magie de l’art,
- et faire de ce diagnostic aussi un acte de création.
Des ateliers ont été conduits en
milieu scolaire, à l’école Champy et au collège
Saint -Exupéry et dans les centres sociaux et les missions locales
:
- Centre social de la Vierge,
- CIO,
- PAIO,
- Centre social de la Justice,
- Centre social de Bitola,
- Centre social Louise Michel de Golbey.
177 enfants ou adolescents ont participé
à des ateliers d’écriture et de pratique théâtrale,
dans le cadre du diagnostic.
Extrait des conclusions et propositions de Zarina
Khan
« La prévention ou la recherche du
sens ».
« Il apparaît que les jeunes garçons et filles sont dans un état de tension permanente, qu’ils expliquent par l’incertitude, l’inquiétude des adultes qui les entourent…Déposer cette tension au sein d’un espace de libre expression ouvre sur un « répit ». Ce répit est d’autant plus durable que les participants assistent par l’alchimie de la création, à la métamorphose de leurs tensions « lâchées » dans l’espace, en objets forts de cohérence et porteurs de beauté.
La transversalité, les groupes de pilotage l'ont mise en place. Il manque aujourd'hui à cette transversalité son aboutissement : la fabrication des objets médiateurs vers lesquels convergent l'effort et la créativité de tous les services et au-delà de chaque individu.
Le modèle transversal est à consolider, à ancrer dans le réel. Je vois la nécessité de "cellules de création" ou "ateliers", comme des "chaudrons" où bouillonnent les potentialités de chacun, où viennent se poser les incompréhensions de chaque "acteur" pour arriver à une unité dans une forme artistique elle aussi transversale fondée sur les « correspondances artistiques ».
L'ouverture de ces espaces culturels qui ont pour objectif la fabrication d'œuvres collectives représentatives des talents de cette agglomération répondent aux désirs qui se sont manifestés au cours de notre enquête.
Les acteurs locaux de prévention ressentent les mêmes manques que les jeunes des différents quartiers pour lesquels ils travaillent. Il y a là une problématique commune qui, si elle se manifeste ici dans le négatif, permet d'envisager une résolution commune aux deux mondes interdépendants l'un de l'autre. La chaîne de fabrication d'œuvres collectives impliquerait tous les acteurs leur permettant de se rejoindre dans les effets positifs.
Car l’objet culturel médiateur a pour effets
:
- L’émergence d’une image nouvelle et le
fait de rendre "remarquable" positivement les acteurs de cette création
et tous ceux qui lui ont permis de voir le jour.
- La reconnaissance de tous les acteurs impliqués
dans cette fabrication commune.
- La médiatisation de l'image positive
- La « thérapie sociale » qu'opère
la création collective
- La valorisation de "la place" de chacun en dehors
de l'espace purement économique et de travail.
- L'interculturalité nécessaire
au rapprochement entre les générations et les communautés.
- Le rapprochement entre les problématiques
rurales et urbaines.
- La concrétisation, œuvre à l'appui,
d'une transversalité appliquée.
- Un champ fertile pour l'expression des sentiments
des travailleurs sociaux et de leur public. Formulation de la peur, la
peine, l'amour, la déception, le découragement qui jonchent
le parcours d'une vie : découverte du sentiment de l'autre, partage,
libération.
Et enfin, l’ouverture sur le monde, sur «
l’ailleurs » vers lequel l’œuvre va voyager. »
4 - Les formations
Depuis 1995, la Compagnie Zarina Khan est agréée organisme de formation et propose des stages aux personnes désirant apprendre la méthode d’intervention de Zarina Khan en milieu scolaire.
L’objet de ces stages est axé sur l’accompagnement des enseignants, des personnes relais et professionnelles des domaines du social, de la santé, des loisirs, et de la justice dans leur approche des enfants, des adolescents, et des adultes.
Cette formation s’attache à l’exploration du sens, de la place et de la fonction de chacun dans son secteur, et permet à travers l’appropriation de certains outils, d’approfondir l’éducation à la citoyenneté, la prévention des violences et des conduites à risques.
1) Clichy sous Bois le 17 Septembre 1998.
Intervention dans un stage de formation «
la prévention des toxicomanies et les conduites addictives »
du 14 au 18 Septembre à l’attention d’assistantes maternelles.
Nombre de participants : 20
2) Champagne sur Seine du 13 au 15 Octobre 1998.
Formation de l’équipe pédagogique
du Collège Fernand Gregh avec le directeur du Segpa, les professeurs
de différentes disciplines, l’infirmière, l’Assistante Sociale
et le CPE.
Les objectifs consistaient principalement en l’acquisition
de compétences pour favoriser la communication et l’expression des
élèves, pour aboutir à une amélioration de
la relation professeur - élèves et à la modification
du comportement de ces élèves.
Nombre de participants : 15
3) Epinal du 03 au 05 Novembre 1998.
Stage de formation en direction du groupe départemental
de prévention des toxicomanies dans le cadre de la semaine «
Prévention Toxicomanie » sur Epinal.
L’objectif du stage est d’accompagner les personnes
relais et professionnelles, et de renforcer le réseau départemental
de prévention des comportements déviants.
De ce fait les origines professionnelles étaient
diverses : animateurs de la jeunesse, éducateurs spécialisés,
éducateurs sportifs, agents de médiation et responsables
de structure.
Un Dictionnaire de la Vie à Epinal est
né de cette rencontre.
Nombre de participants : 19
4) Montereau du 12 au 14 Novembre 1998 et du
1er au 4 février 99.
Ce stage destiné aux enseignants des collèges,
écoles maternelles et primaires et de tous les partenaires professionnels
encadrants les élèves (Assistante Sociale, Infirmière,
Médecin) s’est révélé être insuffisant
quant au nombre de places disponibles.
Pour satisfaire à la forte demande une
autre formation s’est déroulée du 01 au 04 Février
1999.
Nombre de participants : 1er Stage : 18
2ème Stage :17
total : 35.
5) Paris.
Le 18 Novembre 1998 : Intervention à la
session de travail organisé par le CEFISEM dans le cadre de «
la Journée des Droits de l’Enfant ». Zarina Khan est intervenue
notamment sur le droit à l’expression.
Nombre de participants : 70
Le 11 et 12 Mai 1999 : Stage « Prévention
et traitement des conduites à risques » inscrit dans le Plan
Académique de Formation organisé par l’EAFPEN.
Nombre de participants : 7
6) Hérouville, le 9 novembre 1998 et le 11 et 12 février 1999.
La formation a été demandée
par le Carrefour d’Hérouville St Clair, suite à des problèmes
de violences dans le magasin. Celle-ci est destinée aux employés
des différents secteurs c’est-à-dire les caisses, la sécurité,
les rayons, l’entretien...
Nombre de participants sur les deux stages : 33
7) Bezons, le 13 et 14 Avril 1999 et le 07 Mai
1999.
Il s’agit d’un stage d’établissement motivé
par l’urgence de donner une réponse pédagogique aux violences
mal vécues dans le collège.
Il a permis de souder l’équipe pédagogique
autour d’un projet commun d’échange franco – libanais de stabiliser
et de responsabiliser les élèves.
Nombre de participants : 10
8) Saint-Dié, avril 99.
Formation du groupe local de prévention
des toxicomanies.
Ainsi 160 personnes ont été formées cette année, à la méthode d’ateliers d’écriture et de pratique théâtrale de Zarina Khan.
9) Lyon, mai 99.
A la demande de la société Delphis-Car'go,
Zarina Khan est intervenue dans la cette société pour 2 jours
de formation destinée à améliorer les relations entre
le personnel et l'équipe dirigeante.
EXTRAITS DES BILANS DES STAGIAIRES
Mon projet, à l’intérieur de chaque classe sera d’exercer mon regard, d’apprendre à être à l’écoute. Mais le stage m’a aussi apporté plus que cela. Il a aussi éveillé en moi beaucoup d’émotion, m’a révélé des choses que je savais déjà mais que je ne pouvais pas ou ne voulais pas formuler.
Je culpabilise de les avoir culpabilisés.
C’est toujours agréable de réaliser
que les autres ressentent les choses de la même façon que
nous.
Cela m’a confortée dans l’idée que
le rapport à la personne humaine est vraiment le plus important
de notre rôle et que c’est ce qui m’intéresse le plus.
J’ai eu la confirmation que réussir à
faire passer des savoirs et des savoir-faire dépendait des liens
que l’on pouvait créer avec une certaine réalité universelle.
Que concrètement il était possible
d’entreprendre une démarche de découverte de soi chez les
élèves et peut-être contribuer à ce qu’ils se
sentent mieux à la place où ils sont, à ce qu’ils
prennent conscience de l’intérêt qu’ils ont à rechercher
leur « espace de liberté. »
Sentiment d’avoir été proche des
autres et d’avoir mieux connu l’autre.
Ce stage m’a permis de mieux appréhender
la psychologie de l’adolescent, d’avoir un autre regard sur l’élève,
de mieux comprendre l’élève en échec, de les regarder
de façon plus positive et peut-être me permettra-t-il d’éviter
certaines erreurs, d’avoir des jugements moins « a priori »,
d’être plus prudente dans mes évaluations, d’éviter
certains blocages.
Des apports intéressants dans deux directions.
- Un « outillage », vers une meilleure
perception de l’élève, vers une meilleure compréhension
de l’importance du groupe classe.
Donner du sens. Laisser chacun prendre sa place.
Inviter à l’écoute, et\ou dire.
Utilisable chaque seconde, heure, jour.
- Un outil bien défini : écriture
et théâtre. A expérimenter dans un cadre plus particulier.
Nous avons été rassurées de
constater que nous avons toutes les mêmes préoccupations,
angoisses, attentes par rapport à notre métier et à
nous mêmes.
Une belle expérience. Vraie. Pleine. On
en redemande. Je suis de plus en plus convaincue qu’on n’enseigne pas ce
que l’on sait, qu’on n’enseigne pas ce que l’on veut mais qu’on enseigne
ce que l’on est.
Laisser vagabonder leur esprit par écrit,
recueillir ensuite leurs productions et les lire pour les faire se surprendre
les uns les autres et sortir ainsi du déroulement habituel des cours
et leur donner une dimension autre, inattendue, imprévue, drôle,
enrichissante.
Pour qu’ils s’en souviennent.
Comme un point d’orgue qui les valorise.
Les techniques d’ateliers d’écriture, les mises en situation, l’idée d’une démarche triangulaire sont rassurants pour nous aider à nous mettre en mouvement.
J’ai noté beaucoup de belles phrases et
des idées dont on ne m’avait plus parlé depuis longtemps
ou que j’avais perdues de vue. J’ai l’impression que l’on me tend une baguette
magique qui peut ramener certains élèves à une meilleure
estime d’eux-mêmes. Il faut toutefois rester lucide. La violence
des lycéens en ce moment nous montre qu’il faut faire quelque chose,
que si l’on reste seulement observateur ou juge ça ne passera pas.
Je vais sans doute regarder mes ados d’un autre
œil. Dans la classe, derrière le bureau, on oublie souvent qu’on
a affaire à des individus différents, on ne veut s’adresser
qu’au groupe, par commodité.
On peut se sentir en harmonie avec des personnes
que l’on ne connaît pas.
Si je devais ne retenir qu’un chose, c’est «
laisse parler ton cœur ».
Je pense dans un premier temps regarder autrement
mes enfants et me comporter parfois différemment. J’espère
pouvoir élargir cette ouverture aux élèves que je
suis amenée à rencontrer.
Ce stage m’a redonné « la pêche » et l’envie (pas toujours facile à garder) d’écouter les élèves, d’être plus attentive ; il m’a rendu l’enthousiasme et m’a rassurée sur l’utilité de notre travail et rôle.
Vous avez su faire naître une émotion intense qui permet de mieux s’écouter soi-même et d’être mieux à l’écoute des autres que l’on découvre !
Ces trois jours m’ont conduit à rechercher
plus de sens dans ma pratique professionnelle : dans quel but je donne
la possibilité d’écrire à des enfants, quel est le
respect, la part que je donne à sa parole sans la déformer
dans le cadre d’un projet.
La force de la parole et des mots, la citoyenneté
en tant que moteur et initiateur de projets, sans oublier la nécessité
absolue d’établir des passerelles entre les différents «
cosmos », afin de lutter contre les arches de la fatalité.
Il me semble que je vais m’attacher à rendre
mes vingt-cinq élèves un peu plus « auditeurs »,
alors que jusque là, je m’attachais surtout à les rendre
« acteurs » : auditeurs des autres afin de les rendre encore
un peu plus partie prenante de leur vie.
J’ai entendu, pendant ce stage des mots forts :
« être », « aimer », que j’avais en moi que
je n’osais pas, bien que les sachant vrais, reconnaître dans l’école.
Je pense, j’espère que, forte de ce qui s’est passé là,
je vais me permettre de les laisser sortir, grandir.
Leur dire que leurs ailes sont fortes et qu’ils
peuvent sortir du nid, que dehors il fait beau.
J’ai appris durant ces trois jours qu’une méthode
existe pour que la parole prenne toute sa place dans l’école. Je
me sens confortée dans ma façon d’agir avec mes classes et
j’ai ici trouvé le moyen d’aller plus loin. Je pense que j’ai retrouvé
le courage et une grande motivation de vivre à l’école. Il
est hors de question que ces jeunes quittent le système scolaire
sans avoir pu dire et écrire ce qu’il y a de plus vrai en eux. Aujourd’hui,
je me sens plus proche d’eux, je me sens comme eux « tout en bazar
» à l’intérieur. Ils me le disent souvent et je ne
cernais pas ce que cela pouvait représenter.
Sortir de l’enfermement, les portes sautent...
Comprendre par l’intérieur ; ça
ne veut pas dire savoir résoudre, mais se sentir moins désarmé,
plus serein, plus fort...
Mieux ou moins mal comprendre les gamins grâce
à la violence ressentie. Emergence des douleurs fondamentales, dont
on sait maintenant qu’ils ont les mêmes.
On ne va jamais assez loin dans l’écoute...
Retour au désir de recommencer à
essayer....
5 - Les projections-débats
ADOS AMOR est un long métrage de fiction
écrit en ateliers avec des élèves et interprété
par eux. ADOS AMOR est une chronique croisée d’adolescents en quête
d’eux mêmes, réflexion d’une jeunesse sur sa recherche d’identité,
son désarroi et la richesse de ses cultures entremêlées.
Il a été sélectionné
dans de nombreux festivals, en Europe, en Afrique, en Asie.
Le documentaire de 28’, qui précède
la projection du film présente le travail effectué en ateliers
pour la réalisation du film.
En milieu scolaire, celui-ci est utilisé
comme outil de réflexion dans le cadre d’un travail structuré
entre les enseignants, les élèves et les intervenants de
la compagnie.
DATE LIEUX
08 Octobre 1998
03 Novembre 1998
19 Novembre 1998
20 Novembre 1998
01 Décembre 1998
03 Décembre 1998
27 Janvier 1999
06 Février 1999
09 Février 1999
18 Février 1999
11 Mars 1999
21 Mars 1999
01 Mai 1999
07 Mai 1999
03 Juin 1999
18 Juin 1999
Deux projections au Cinéma Marcel Pagnol
à Malakoff
Cinéma de l’Ysieux à Fosses.
Cinéma Le Luxy à Ivry sur Seine
pour le Collège Henry Wallon.
Soirée Ados Amor au Forum des Images de
Paris pour l’anniversaire de la convention des droits de l’enfant.
Salle Marcel Pagnol à Champagne sur Seine
avec 100 élèves du Lycée Clémenceau.
Cinéma 104 de Pantin
Cinéma MJC de Montmorillon, soirée
Amnesty international.
Université de Paris 5 : clôture du
colloque de recherche BiennalAdo (film + documentaire).
Cinéma Olympic à Saint Gratien (Val
d’Oise).
Lycée J. Supervielle, Oloron Ste Marie
(cinéma le Luxor).
Cinéma Utopia à St Ouen. La projection
est organisée par l’association LUMINANCE, association de recherches
et promotion de l’outil audiovisuel dans les pratiques sanitaires, sociales
et éducatives, dans le cadre de la 4ème Rencontre des conseillers
audiovisuels.
Epinal, projection organisée par le CODES
88
Festival CLAP 89 à Sens
Cinéma Excelsior à St Dié
des Vosges.
2 projections organisées par Amnesty International,
au théâtre scène de Poitiers, la première avec
des classes de troisième et les membres de l’équipe éducative
des collèges de Buxerolle, Vincent Vidal, et du lycée professionnel
Peuret. La seconde en soirée, pour tout public.
Projection (film+documentaire) pour un groupe
de psychologues du Magazine Psychologies.
Projections du documentaire « ADOS AMOR, un autre regard »
DATE LIEUX
12 Octobre 1998
17 et 18 Novembre 1998
26 Novembre 1998
30 Décembre 1998
4 Janvier
06 Février 1999
10 Mars 1999
21 Mars
24 Avril 1999
Aulnay sous Bois au service Jeunesse de la Ville.
Forum de prévention des toxicomanies Blanc
Mesnil.
Projection du Documentaire à Sevran
Festival « millénaire » Aubenas.
Terre du ciel, Lyon
Université de Paris 5 : clôture du
colloque de recherche BiennalAdo.
Bezons.
Epinal, projection organisée avec le CODES
88.
Centre de la paix à Verdun pour le Rotary
Club.
Projections-débats du moyen-métrage ADOS RAMA
19 Mai 1999
27 Mai 1999
29 Mai 1999
FJT de Cannes la Bocca
Chateauvallon, 3 classes de 1ére.
Ferme Giaume de Cannes la Bocca, Présence
Médicale Infantile.
Festival de Sens – avril 99
Présidente du Jury du festival de
court-métrage de Sens, Zarina Khan travaille à encourager
une création cinématographique et audiovisuelle qui définit
clairement les objectifs de lutte contre le racisme et les violences.
6 - les spectacles et créations
1) « Les Contes des Enfants de la Terre », novembre 98, au centre culturel d’Epinal.
2) « Karabistouille ou mon Avis en jeu », juin 99, finalisation de l’atelier Mot’Art junior pour les enfants de CM2 de l’école Martel (Paris 10ème ) et du collège César Franck (Paris 2ème ).
3) « A l’ombre de nos paupières », juin 99, finalisation de l’atelier Mot’Art adultes.
4) « Laissez-vous aller ou le Dictionnaire de la vie de l’échec», avec l’atelier de Théâtre d’Ici et d’Ailleurs, Sognolles-en-Montois, le 20 juin 1999.
5) « ?????????? la rencontre », présenté le 28 octobre 98 à Saint-Claude dans le Jura pendant le mois de la jeunesse.
6) « Le Choix d’un père », présenté au lycée Georges Clémenceau, mai 99.
7) « Le Dictionnaire de la Vie de Champagne
sur Seine », à la salle Marcel Pagnol, mai 99.
7 - Les publications
- « La Dignité ou la Vie » dans la Revue d’écritures Filigrane, n°43
- « Des jumeaux à réunir d’urgence » dans théâtre public, Controverses, manifeste pour un temps présent, publication d’Avignon-public-off
Note : Le livre « Le Dictionnaire de la vie » est disponible à la vente ainsi que le documentaire « Le Dictionnaire de la vie, à Sarajevo ». Pour tous renseignements prendre contact avec la Compagnie Zarina Khan.
Compagnie
Zarina Khan
Association loi 1901
6, rue des Petites Ecuries 75010 Paris - France
Tél. : 33 (0) 142 09 05 58 - Fax :
33 (0) 142 05 15 10
E-mail : shelter@worldnet.net - http://myweb.worldnet.fr/~shelter
SIRET : 337 498 018 00015 - APE
: 923 A